En octobre, les Ateliers Colibri étaient en secondaire pour des ateliers de prévention, dans le cadre du grand projet de lutte contre le harcèlement scolaire de la ville de Nivelles.
Seulement voilà, les ateliers de prévention du harcèlement n’étaient pas « préventifs » dans toutes les classes, alors on a décidé de vous en dire un peu plus sur ce phénomène en constante augmentation.
Pour commencer, il faut savoir que les professionnels estiment que la prévention contre le harcèlement scolaire peut se faire à partir de 7 ans.
7 ans, c’est beaucoup trop jeune diront certains ! Et pourtant, on peut vous assurer que nos oreilles ont déjà entendu des atrocités sur le harcèlement à l’école dès la maternelle. Oui, en maternelle, vous lisez bien ! A 4 ans, les enfants ne se rendent pas toujours compte de leurs actions et ils imitent des comportements vus ou entendus ailleurs. Et croyez-nous, ce n’est pas parce qu’ils sont petits que le harcèlement est plus « léger ».
Ensuite, un enfant sur 3 dans le monde est confronté à un moment de sa vie, de près ou de loin, au harcèlement.
Après toutes ces joyeusetés, parlons concrètement de ce qui peut être mis en place pour aider/accompagner/éviter.
COMMENT AIDER UNE VICTIME DE HARCÈLEMENT (SCOLAIRE) ?
ÉCOUTER
La première chose que vous pouvez faire, en tant que parent ou ami, face à une victime de harcèlement (scolaire) est d’écouter. Attention, nous avons bien dit « écouter » et non « parler ».
Pour la victime, parler ne va pas être une étape facile. Les personnes harcelées ont, la plupart du temps, très peur des représailles et se muent dans le silence. Elles ont peur que le harcèlement soit encore plus fort après avoir parlé.
Alors, prenez la peine d’écouter à 100% et ne cédez pas à la faciliter en faisant des raccourcis rapides, en parlant de vous, ou en sortant des phrases bateau du style « mais non, n’aie pas peur/ ne sois pas triste, ça va aller ».
Lors de votre écoute, il y a 3 grandes règles à ne pas oublier :
- « Une émotion se dit et ne se contredit pas »
Si une personne vous fait part d’une émotion, elle a raison. Cette émotion lui appartient, à elle et à elle seule, c’est son ressenti, il est vrai et il existe. Si vous pensez « qu’il n’y a pas de quoi en faire un fromage » ou « que ce genre de sentiment ne va pas l’aider à aller de l’avant », mordez-vous la lèvre si vous le voulez, mais ne dites rien. - Ne pas interrompre
Comme on l’a dit plus haut, cette conversation ne tourne pas autour de vous, vous vous mettez à l’écoute de votre interlocuteur, ce n’est pas l’inverse. - Ne posez que des questions de relance
Si la personne qui se confie à vous a du mal à continuer son récit, vous pouvez l’aider avec des phrases interrogatives qui vont l’encourager à continuer, comme : « Pourquoi ? / Parle-moi de …. / Qu’as-tu fait… ?/ A quelle fréquence ? …. ? »
ÊTRE ACTEUR
Sartre écrivait dans Huis-clos : « L’enfer c’est les autres ». Sauf que dans les cas du harcèlement (scolaire), « les autres » peuvent aussi être d’une aide précieuse !
Dans les schémas classiques, nous avons une victime, une personne responsable du harcèlement et les autres/ les spectateurs, qui assistent au phénomène (en direct ou sur les réseaux sociaux.)
Les spectateurs ont 3 possibilités :
- Approuver et donner plus de force au responsable du harcèlement
- Désapprouver et se taire
- Désapprouver et le faire savoir
S’il y a une phrase que les enfants que nous avons rencontrés ont bien intégrés, c’est « Si ça ne fait pas rire tout le monde, alors ce n’est pas drôle ».
Alors quand ils nous demandent « Mais comment je peux être certain que c’est du harcèlement et que ce ne les fait pas tous rires ? », nous répondons simplement qu’il suffit de demander. Si la personne contre qui sont dirigées les moqueries vous dit « non », alors c’est simple, vous pouvez intervenir et dire que vous ne trouvez pas ça drôle non plus.
Bruno Humbeeck, psychologue spécialiste du harcèlement a un terme très approprié pour ces « autres », il les nomme les « SPECT-ACTEURS« . C’est un terme assez éloquent qui révèle bien que chacun tient un rôle et que le harcèlement n’est pas qu’une affaire entre 2 personnes.
La personne victime de harcèlement, quelque soit son âge se sent terriblement seule et souvent honteuse. Qu’une tierce personne dise clairement, « stop, je ne suis pas d’accord avec ça », est un acte symboliquement très fort.
ET LE HARCELEUR ALORS ?
Si la victime passe souvent par la case « aide », il ne faut pas oublier que le responsable – le harceleur, a, lui aussi, besoin de se faire aider.
Les raisons du harcèlement sont nombreuses, jalousie, faible estime de soi, détourner l’attention sur un autre, reproduction de la violence vécue, manque de compétences sociales comme l’empathie, moyen de maintenir sa propre image, moyen d’écarter un concurrent potentiel…
Quelle que soit la raison qui le pousse à cette situation, que ce soit votre enfant ou votre élève, il vaut toujours mieux orienter un harceleur vers des professionnels qui pourront l’aider et empêcher que la situation ne se reproduise.
Des MOYENS DE LUTTE contre le harcèlement à portée de main
En ce qui concerne les écoles, il faut savoir qu’en Fédération Wallonie Bruxelles, il existe depuis 1997 un décret qui responsabilise l’école face à la violence et qui les oblige à « proscrire le harcèlement et à mettre en place des pratiques de lutte. »
CHILD FOCUS
Child Focus, notamment est très actif dans la lutte contre le harcèlement scolaire et le cyberharcèlement.
Ces quelques lignes sur leur site internet, permettent de comprendre un peu mieux leur action :
« L’an dernier, Child Focus a ouvert environ 400 dossiers de sécurité en ligne dont un tiers était lié au cyber-harcèlement. Ces derniers sont redirigés vers des associations compétentes en la matière. Ce sont principalement des parents inquiets et des enseignants en quête de conseils concrets qui ont contacté Child Focus. Ils recherchaient des réponses pédagogiques et juridiques face à des situations de harcèlement sévères et nocives impliquant un ou plusieurs enfants. Au fil de l’année scolaire, moqueries et insultes se succèdent et vu l’hyper-connectivité dominante, le cyber-harcèlement peut rapidement s’installer auprès de la jeune génération. »
CYBER HELP
Cyber Help est une application pour smartphone encore assez « jeune » qui permet d’agir très rapidement en cas de cyberharcèlement scolaire.
Attention cependant, il faut que l’école soit partenaire du projet pour que l’application fonctionne. N’hésitez pas à en parler à votre établissement si ce n’est pas encore le cas !
Concrètement, derrière l’application, il y a tout un dispositif de lutte contre le cyberharcèlement, c’est un outil numérique pour mettre l’élève en lien avec des responsables de son école, formés, qui pourront l’aider.
Si l’élève reçoit des messages haineux par exemple, il pourra activer l’application qui fera des captures d’écran qui seront transmises à un membre du personnel spécialement formé à la problématique.
Tout sera mis en place pour protéger l’élève harcelé.
La devise des Ateliers Colibri prend plus de sens encore avec une thématique comme celle-ci, alors n’oubliez pas, c’est important et ça peut tout changer, OSEZ PARLER !
Et si vous souhaitez organiser une animation sur le harcèlement scolaire, n’hésitez pas à nous contacter !
NUMéros utiles
Ecoute enfant : 7j/7 de 10h à minuit pour les moins de 18 ans. 103
Ecole et Parents : Pour les parents, en cas de harcèlement scolaire, de 9 à 13h. 0800/95 580
Child Focus : Pour le cyber harcèlement, mais pas que. 116 000
Assistance école : Pour tous les membre du personnel de l’enseignement de la FDW. 0800/20 410
MRAX : Pour les agressions racistes ou sexistes, de 8h30 à 17h. 02/209 62 50